C’est une annonce qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans les vignobles français : Donald Trump menace d’imposer une surtaxe de 200 % sur les vins et spiritueux européens exportés vers les États-Unis. Cette mesure, si elle entre en vigueur début avril, pourrait bouleverser l’équilibre fragile des exportations viticoles, notamment pour les vignerons du Jura et d’Alsace.
Une décision aux conséquences immédiates pour les exportateurs français
Dans les caves alsaciennes comme dans les domaines jurassiens, l’inquiétude est palpable. Dès l’annonce de cette taxe du vin aux USA par le président américain, les commandes ont été stoppées net. Thibault Specht, vigneron à Mittelwihr, témoigne d’un gel des relations commerciales : « Nos clients nous ont immédiatement prévenus qu’ils suspendaient les achats en attendant que la situation se clarifie. »
Même son de cloche du côté du domaine Wunsch et Mann à Wettolsheim : un contrat récemment signé avec un client new-yorkais a été annulé dans la foulée. Pourtant, pour nombre de ces exploitants, le marché américain représente entre 10 et 15 % du chiffre d’affaires. L’impact est donc direct, lourd, et immédiat.
Dans le Jura, le château d’Arlay, qui exporte habituellement pour 12 000 à 15 000 euros par an vers les États-Unis, voit ces nouvelles barrières commerciales comme une véritable épine dans le pied. Son propriétaire, Paul-Armand de la Guiche, regrette déjà une perte de confiance des importateurs américains, un ralentissement des échanges et une situation qu’il qualifie de « provocation ».
Un marché mis en péril
Si les États-Unis ne représentent qu’une part modeste des exportations globales du Jura (environ 8 %), ce marché reste stratégique. En Alsace, c’est même le troisième débouché à l’export. Ce sont près de 140 entreprises alsaciennes qui expédient chaque année leurs vins vers l’Outre-Atlantique. Des maisons réputées comme Trimbach ou Hugel y réalisent une part importante de leur activité.
Le danger est double. D’une part, les produits les plus touchés sont souvent les vins dits « tranquilles » ou les crémants, très prisés par les consommateurs américains. D’autre part, une surtaxe de 200 % pourrait tripler le prix d’une bouteille pour le consommateur final, la rendant tout simplement inaccessible. « Une bouteille à 10 dollars pourrait être affichée à 30, voire 40 dollars une fois les taxes appliquées », explique François Fischer, responsable export à Beblenheim.
Les importateurs américains, eux aussi, tentent de réagir tant bien que mal. Certains cherchent à constituer des stocks avant l’entrée en vigueur de la taxe. Mais cette stratégie a ses limites et n’offre aucune garantie à long terme.
Un retour à une guerre commerciale ?
Ce bras de fer entre Washington et Bruxelles s’inscrit dans un contexte plus large de tensions commerciales. La taxe sur le vin annoncée par Donald Trump est une réponse à la volonté de l’Union européenne d’imposer à son tour des droits de douane sur le whisky américain.
Ce n’est pas la première fois que le vin français se retrouve dans la ligne de mire. En 2019, une surtaxe de 25 % avait déjà été appliquée sur les vins tranquilles, affectant temporairement les ventes. Mais cette fois, la marche est bien plus haute.
Du côté des autorités françaises et européennes, l’heure est à la prudence et à la négociation. La ministre de l’Agriculture a assuré que ces annonces de part et d’autre de l’Atlantique ont vocation à ouvrir un dialogue. En coulisses, on espère que ce bras de fer n’ira pas jusqu’à une guerre commerciale ouverte.
Et maintenant ? Les stratégies des vignerons face à l’incertitude
Face à l’instabilité du marché américain, les vignerons s’organisent. Certains cherchent à diversifier leurs débouchés, vers l’Europe du Nord ou l’Asie. D’autres misent sur la vente directe ou sur les salons pour trouver de nouveaux clients.
Et pourquoi ne pas miser sur les salons Aux Vignobles ? En offrant un espace de rencontre entre producteurs passionnés et amateurs curieux, ces événements permettent de valoriser le travail des vignerons français, de faire découvrir des cuvées originales et de créer de nouvelles opportunités commerciales, en dehors des circuits traditionnels.
Dans un contexte tendu, ces rendez-vous sont plus que jamais des leviers pour redonner de la visibilité aux terroirs, recréer du lien entre producteurs et consommateurs, et rappeler que la richesse viticole française mérite d’être soutenue, dégustée… et célébrée.