Interview de Jacqueline Bertin, dite Jackie, vigneronne.
Mardi 21 mars, 10h. Après une livraison, Jacqueline Bertin prend le temps de répondre à nos questions sur son domaine viticole qui prend racine à deux pas de Bergerac, dans le Sud-Ouest.
Bonjour Mme Bertin. Qu’est-ce qui vous a conduit à reprendre le domaine après vos parents ?
Ce qui m’a donné envie de reprendre l’exploitation familiale, c’est de perpétuer ce que mes parents, Pierrette et Dominique Manfe, ont créé. Je suis tombée dans la cuve toute petite !
Par contre, au départ j’ai fait tout autre chose. J’ai fait des études de comptabilité et j’ai déménagé dans le bassin d’Arcachon. Et puis à 35 ans, j’ai eu envie de revenir au domaine Les Bertins ! Je trouvais que c’était un métier compliqué, je voyais toujours mes parents travailler mais je me suis rendue compte que c’était vraiment ce que j’aimais.
Cela dit, la comptabilité me sert toujours dans cette activité ! Il ne suffit pas d’être vigneron, il faut être aussi commercial, gestionnaire… il faut tout savoir faire.
J’espère que ma fille prendra la suite, elle travaille avec nous depuis 2 ans maintenant. Elle semble plutôt motivée à continuer l’aventure !
Quel est le mode de culture de votre domaine ?
Notre vignoble est en culture raisonnée, sans désherbant. On essaie de se rapprocher le plus possible de la nature mais sans être vraiment bio parce que dans notre région, ça reste compliqué. Il y a des années où ça se passe très bien et d’autres où c’est difficile. Il faut pouvoir vivre de son travail et actuellement, tous ceux qui sont en bio que je connais ont du mal à s’en sortir, car il y a trop peu de rendement pour arriver à l’équilibre.
C’est pour cela que nous restons en culture raisonnée, mais en arrêtant le désherbant, en semant des féveroles pour apporter de l’azote au sol… On veut travailler en accord avec la nature tout en gardant une certaine maîtrise pour pouvoir vivre de notre travail.
Prenons une année comme 2021, en bio, les récoltes ont été quasiment nulles. Le raisin, pour qu’il soit bon, il faut qu’il soit en bonne santé, comme nous ! Si un raisin est malade, quand on le récolte c’est différent d’un raisin sain.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres vignerons qui produisent du Côtes de Duras ?
On a tous notre identité et des terroirs différents ! Après le travail dans les chais joue beaucoup aussi. Ici, on produit du blanc sec, du rosé, du vin rouge, du vin moelleux… En blanc, on cultive le Sauvignon et le Sémillon et en rouge, le Merlot, le Cabernet Franc et le Cabernet Sauvignon.
Notre domaine est suivi par un oenologue toute l’année. Il nous guide et nous aide à évoluer pour nous adapter aux goûts des clients, qui changent. Il faut toujours se remettre en question pour savoir ce qui plaît au mieux aujourd’hui et ne pas rester ancré dans nos vieilles habitudes.
Ce qui plaît en ce moment ? Ce sont les vins frais et fruités aussi bien pour les blancs secs que les rosés, pour les rouges ce sont des vins ronds, fruités, faciles à boire et gourmands. On fait toujours vieillir nos vins rouges au moins 3 ans avant de les mettre en vente, pour qu’ils soient prêts à boire. Actuellement, on vend du rouge de 2018 ! De cette façon, le client peut le boire tout de suite s’il veut se faire plaisir.
Autre chose, nos vendanges sont triées à la main. On ne le fait pas pour les vins blancs et les vins rosés parce qu’on presse les raisins tout de suite, uniquement pour les vins rouges. On les laisse à peu près un mois en cuve, donc on enlève les déchets verts (feuilles, grappes), tout ce qui risque d’apporter un peu d’amertume au vin. Il n’y a que les grains de raisin dans la cuve.
Quelles sont vos cuvées ?
Nous produisons 7 cuvées : le blanc sec, le rosé, 3 cuvées de rouges et 2 blancs moelleux. Ma cuvée favorite ? C’est difficile car ça dépend des moments, j’aime bien tout !
Mon petit coup de cœur, on va dire que c’est celle qu’on a fait pour mon petit-fils, La récré de Julian. C’est un rosé frais et très fruité, avec des arômes de fruits rouges et de bonbons anglais. Il n’est ni trop sucré ni trop sec, on appelle ça un rosé tendre. Il se marie facilement, aussi bien à l’apéritif qu’avec un plat comme une pizza ou des grillades. C’est le vin de l’été, le vin des copains, la bouteille facile à ouvrir !
Aux salons Aux Vignobles, sur l’ensemble on vend quand même plus de rouges, mais le rosé se vend très bien aussi. Le blanc sec et les moelleux sont à égalité ensuite. On a les 4 couleurs donc un éventail assez large, la plupart de nos clients goûtent à tous les vins.
À combien de salons Aux Vignobles ! participez-vous ?
Je crois qu’on a commencé en 2002, il y a plus de 20 ans. On était très jeunes quand on a commencé les salons… et voilà ! Le temps passe trop vite !
On fait 12 salons Aux Vignobles ! par an, nous sommes donc présents sur beaucoup de dates. Pour moi les salons incontournables sont Le Havre, Le Mans, Chartres, Quimper, Nantes, Saint-Malo… Côtes de Duras c’est une petite appellation donc on met toujours quelques années pour se faire connaître de nouveaux clients et percer. A chaque fois, on sait que ça va prendre du temps mais il ne faut pas baisser les bras !
Même si c’est long, on est très contents de la visibilité octroyée par Aux Vignobles ! Avec eux, c’est clair, c’est bien rôdé, on a beaucoup de publicité et les stands sont bien. Il n’y a jamais de mauvaise surprise. Les salons, ça représente à peu près 60% de notre chiffre d’affaires.
En attendant les prochains salons Aux Vignobles ! où vous pourrez déguster les vins du domaine Les Bertins, vous pouvez passer quelques jours aux portes de la Dordogne, dans les gîtes du domaine.
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